Mots-clés : Aménagement du territoire
De nombreux projets de construction sont prévus à Biez. Certaines questions, légitimement exprimées par des citoyens, se posent sur l'opportunité de certains choix
Au Collège des Bourgmestre et Echevins
1390 GREZ-DOICEAU
Concerne : - les projets de lotissement sur l’Allée du Vicinal
Madame, Messieurs,
Cette lettre pour vous exprimer ma préoccupation à propos des projets soumis à enquête publique le long de l’ancienne ligne du vicinal.
Un regret d’abord : pourquoi la commune n’a-t-elle pas privilégié le maintien du caractère rural de l’assiette au lieu d’élargir celle-ci en la recouvrant d’une épaisse couche d’asphalte imperméable ? Des matériaux stables qui permettent la percolation existent : il avait été prévu de les utiliser sur le Chemin de la Logette. Sur ce type d’assiette, les automobilistes se sentent moins en terrain conquis. La façon d’aménager la voirie, compétence communale, envoie un signal au public. Devons-nous comprendre ici qu’il n’est pas fait grand cas de la « zone de grand intérêt écologique » dont parle le Schéma de Structure Communal récemment adopté : une bonne couche de macadam imperméable alors qu’on préconise de se soucier de l’effet sur les inondations (pas dans le SSC mais c’est une préoccupation de la Région wallonne) et un remblai élargi alors que ce Schéma de Structure Communal veut les limiter dans ce type de zone ?
Pour tout dire, dommage que la commune n’ait pas pris en compte le projet de piste cyclable proposé par les Amis de la Butte qui aurait pu déboucher sur une voirie pédestre et cyclable partagée avec les automobiles des riverains. L’Allée du Vicinal serait restée une allée et cela aurait complété de façon harmonieuse les avancées notables du Schéma de Structure Communal qui préconise quelques sages contraintes pour le bâti à cet endroit.
Encore faut-il que ces contraintes soient appliquées. A ce sujet, comment se fait-il que le projet de Mme Samia BESSALAH puisse passer la rampe alors que la maison se situe loin de la voirie et que cette disposition imposera l’abattage d’un grand nombre d’arbres. C’est en contradiction flagrante avec le SSC qui parle de respect intégral de la végétation en place au-delà de 5 m de la construction tout en demandant de garder un front de bâtisse proche de la voirie. Autrement dit, une bonne façon de limiter la casse dans le bois. Comme annoncé, la maison sera peut-être « passive » mais son impact sur l’aire de « grand intérêt écologique » sera actif et destructif.
Le projet de maison voisin, celui de Mr Patrick PHILIPPE et de Mme Marion BANDIN, s’éloigne lui aussi de la voirie et devrait exiger l’abattage de 50 arbres ! Là encore, le grand écart par rapport aux prescriptions du Schéma de Structure Communal. J’ai pris quelques photos des arbres magnifiques qui poussent à cet endroit : il devrait y avoir d’autres terrains en Brabant wallon sur lesquels l’absence de couvert végétal donnerait libre cours à la fantaisie créatrice. Si l’on aime l’environnement boisé qui fait le bonheur de tous, pourquoi solliciter l’autorisation de l’abattre en grande partie? Si on ne l’aime pas, pourquoi ne pas acheter une parcelle en bordure de champs ?
Je pense aussi qu’il serait bon d’interdire les constructions au bout de l’Allée du Vicinal, du côté de la rue du Beau Site, où les pentes atteignent des pourcentages qui rendraient toute construction impossible sans pilotis ou remblais sévères. Le CWATUPE autorise une commune à refuser les constructions si la voirie n’est pas aménagée : ne pourrait-on pas préciser le schéma de structure grézien en ce sens ? L’interdiction de construire peut se justifier si le terrain peut être considéré comme inapte en référence notamment à des critères de bon aménagement des lieux tels que forte pente, qualité médiocre du sol…C’est écrit noir sur blanc dans Le schéma de structure communal, son rôle, son élaboration, sa mise en œuvre, DGATLP, Région wallonne, mars 2000.
En ce qui concerne le projet contigu au Chemin de la Logette et à la rue des Bruyères, demande introduite par Mr CRICKX, représentant la SA SOCCIM, je trouve que la taille des bâtiments (324 m² pour une des maisons !) est disproportionnée par rapport à celle des parcelles : le couvert végétal de la zone concernée disparaîtra donc en grande partie et se limitera à des franges en bordure de ces trop petits terrains. Un habitat plus modeste, voire groupé, permettrait de conserver une meilleure cohérence de la végétation. Le classement en « zone résidentielle » dans le schéma de structure ne devrait pas autoriser une rentabilisation outrancière du terrain à bâtir en zone boisée. D’autre part, pourquoi prévoir une zone de croisement à la limite est de la rue des Bruyères alors que celle-ci se termine en sentier ? Y aurait-il déjà un futur projet de lotissement pour les terrains contigus ? Si oui, pourquoi ne pas traiter l’ensemble dans un projet global qui préserverait davantage l’aspect boisé? Si non, cette zone de croisement est inutile.
Même si des avancées ont eu lieu, je regrette que, d’une façon générale, notre commune ne soit pas encore suffisamment proactive dans le domaine de l’urbanisme. Pourquoi craindre de refuser d’emblée les projets en contradiction flagrante avec le Schéma de Structure que notre commune a instauré ? Les textes approuvés ne trouveraient-ils force de loi que si les citoyens (bien souvent pris par d’autres activités) les rappellent au souvenir des responsables ? Faut-il nécessairement, pour conforter une décision communale, des protestations de riverains que l’on peut alors opposer au candidat bâtisseur pour se positionner en juge à la Salomon ? Pourquoi ne pas prendre exemple sur la commune de Namur qui n’hésite pas à refuser d’emblée un certain nombre de projets en contradiction avec son schéma de structure : cela ne devrait pas décourager les promoteurs et les architectes qui aiment à travailler dans un cadre clair.
Veuillez croire, Madame, Messieurs, à mon souhait de participation positive et recevez mes sincères salutations.
D.P.